Marché & Concours suisse des produits du terroir

par | Sep 5, 2023 | Uncategorized | 0 commentaires


Une 10ème éd
ition sous le signe de l’amitié

La 10ème édition du grand Marché & Concours suisse des produits du terroir aura lieu les samedi 23 et dimanche 24 septembre à Courtemelon (JU). L’événement, qui a lieu tous les deux ans, réunira cette année 400 producteurs en provenance de toute la Suisse, forts de leurs 1200 produits en compétition. Ceux-ci s’affronteront pour remporter des médailles d’or, d’argent et de bronze, après évaluation (anonyme) effectuée par cinq jurys d’experts. La remise des médailles se déroulera en présence de la Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, le vendredi soir à Cinémont-Delémont. Dès le samedi matin, vingt-mille visiteurs sont attendus pour les déguster et acheter durant le week-end. Rencontre avec l’une des chevilles ouvrières du Marché, Olivier Boillat, ingénieur agronome et enseignant, responsable de la communication à la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI).

Propos recueillis par Pablo Davila

Le Mag’ – Quelle est l’idée à la base de ce marché des produits du terroir, agrémenté d’un concours ?

Olivier Boillat – Le souhait de faire connaître les excellents produits issus de nos vallées, de nos régions et de tous les cantons. Mais aussi de faire connaître les producteurs suisses qui méritent d’être connus, parce que leurs produits sont gustativement d’une qualité incroyable. Ces produits font plaisir à nos familles et à nos amis, à nos touristes, et le point important ici, c’est qu’ils sont durables. Qu’entendez-vous exactement par  »durable » ? Il s’agit ici de produits du terroir réalisés par des paysans, boulangers, bouchers, etc., en respectant l’environnement et les circuits courts. Un « produit du terroir » est fait d’au moins 80% de matières premières qui viennent d’une région donnée de Suisse, elles ne parcourent donc pas de grandes distances avant d’être acheminées vers les producteurs. Les circuits sont courts. Ces produits font vivre économiquement et socialement une région, leur fabrication nécessite de la main d’œuvre locale.

La qualité de ces produits est indiscutable, mais en contrepartie ne coûtent-ils pas plus cher ?

C’est une réflexion que l’on entend souvent. En réalité le consommateur va les payer moins cher, parce que ces produits ne sont pas passés par une chaîne de grande distribution. Un exemple concret, chiffres ici à l’appui, c’est la viande : si vous prenez un quart de bœuf chez le paysan du coin, cela vous coûtera bien moins cher que d’acheter la même quantité dans une grande surface. Nous avons donc tout intérêt à ce que la population suisse profite de ces excellents produits, le problème étant qu’on ne sait souvent pas où les trouver, ni même que ces producteurs existent. Les circuits courts sont moins connus. Mais une fois que vous les avez trouvés, même dans votre région, les choses se compliquent, parce qu’il faut aller chez le boucher, le boulanger, etc. Mais en cette période d’inflation et de difficultés économiques, il est intéressant d’investir un peu plus de son temps, pour dépenser moins d’argent. La vraie durabilité, c’est quand tout le monde est gagnant, au niveau économique, écologique et social. D’ailleurs lorsqu’on fait goûter ces produits locaux, beaucoup n’en reviennent pas. Il y a quelques jours, il m’est arrivé de faire goûter des fromages du terroir, et une fois de plus mes amis étaient épatés

En quoi ce marché se distingue-t-il d’autres événements du même style ?

Avant tout, le site de Courtemelon est très beau et facilement accessible (bus navette gratuit, pistes cyclables, parking en champs). C’est un endroit que les habitués aiment beaucoup, et ceux qui ne le connaissent pas découvrent avec plaisir. Là, sur deux jours, près de 20’000 visiteurs venus de toutes parts – aussi de l’étranger – vont rencontrer environ 150 producteurs en provenance de toute la Suisse. Le Marché & Concours suisse des produits du terroir est donc une grande opération d’information. Son originalité réside dans le fait que vous, votre famille et vos amis pouvez boire et manger à 150 stands différents après avoir payé une simple  »entrée gourmande ». Celle-ci vous permet de goûter tranquillement des dizaines de produits et vous faire une bonne idée de ce qui se fait de mieux dans notre pays. Il y a deux ans, nous avions des miels de toute la Suisse, une quarantaine, et je me souviens d’un petit enfant qui soudain a demandé à son père :  »Papa, je peux les goûter tous ? ». Et son père :  »Si tu y arrives, oui. Tu dois juste changer la cuillère à chaque pot ». (rires)

Quels sont les produits les plus représentés ?

D’abord les produits laitiers. Nous sommes un pays à fromages. Vous trouverez bien sûr les typiques AOP, Gruyère, Tête de Moine, Vacherin fribourgeois, etc., mais aussi des fromages inconnus, faits par de petites fromageries familiales et qui sont d’une diversité incroyable. On estime qu’il y a environ 2000 fromages différents dans notre pays, dont 300 participeront à la compétition à Courtemelon. Ensuite vous avez les produits de viande. Consommer de la viande, c’est bien, mais seulement sous certaines conditions. Manger la viande d’un animal qui a été élevé loin de chez nous, parfois même sur un autre continent, et qui a été nourri de céréales sans voir de l’herbe durant toute sa vie, c’est moins bien. Nous voulons réexpliquer tout cela au public, d’où la présence de beef.ch lors de l’événement. Ceci vaut aussi pour le pain : si vous achetez du pain préemballé, sous vide, dans une grande surface, sachez que ces farines ne viennent pas de Suisse : elles ont souvent parcouru des milliers de kilomètres avant de les trouver dans les rayons. Si vous achetez votre pain chez le boulanger du coin, vous allez payer un prix très correct, parce qu’il a été fait là où vous l’achetez. Bien sûr, fruits, miel, pain et boissons alcoolisées sont aussi bien représentés lors de l’événement. En un week-end, concentré en un endroit, vous pouvez non seulement goûter et acheter tous ces produits, mais aussi rencontrer les producteurs, leurs familles et employés. Nous n’avons pas autorisé de « stands institutionnels » tenus par des « représentants ». Ce sont les producteurs eux-mêmes qui se trouvent sur place, et c’est ce qui fait aussi un des intérêts majeurs de la manifestation. Il est à préciser que les producteurs à qui nous aurons distribué les médailles le vendredi 22 au soir, en présence de la Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, exposeront leur médaille sur leur stand, ce qui est intéressant pour le consommateur.

A-t-on une idée de la répartition femmes, hommes et enfants parmi les visiteurs ? Combien dépensent-ils en moyenne lors d’une visite ?

Il s’agit d’une sortie familiale, on voit beaucoup d’enfants. Ce que l’on voit moins hélas, ce sont les 17 à 25 ans. Une bonne tranche des visiteurs se situe entre les 40 et 50 ans, des personnes avec des valeurs plus affirmées, pour qui la nourriture provenant de producteurs locaux fait partie de leur vie et de leurs convictions, qui savent que le terroir fournit des plaisirs  »durables » et inégalés. Je connais des gens qui vont dépenser trois ou quatre-cents francs lors de leur visite, parce que l’occasion de ramener à la maison des produits spéciaux, différents, souvent introuvables, est unique. Sachez que les cent francs que vous dépenserez en faisant vos achats iront directement dans la poche des producteurs. Votre achat en direct vous permet d’établir un lien privilégié avec les producteurs et d’augmenter par la même occasion la valeur ajoutée qui leur revient. La vente ici est directe, il n’y a pas d’intermédiaires, le circuit est court et vous allez soutenir les personnes qui ont fait ce produit de leurs mains, et que vous rencontrez personnellement.

C’est la 10e édition du Marché & Concours suisse des produits du terroir cette année. Qu’éprouvez-vous quand vous contemplez ces vingt dernières années ?

Nous sommes fiers d’avoir réussi à faire perdurer l’événement. Au cours de ces vingt ans, lors du concours, nous avons distribué 3000 médailles bien méritées. Nous sommes aussi très heureux de revoir le public dans d’autres conditions qu’il y a deux ans – l’événement a eu lieu lors de la pandémie, on devait montrer un certificat ou faire un test. Cette 10e édition est donc celle de la liberté et aussi de l’amitié. Le canton de Berne et ses six régions, notre voisin et grand ami, sera l’hôte d’honneur avec son folklore, ses produits, ses traditions. Les gouvernements du Jura et de Berne se réuniront pour faire la fête ensemble à Courtemelon, et tout cela est franchement très réjouissant.

 

 

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